Afrique-Coup d’Etat militaire au Niger: Trois questions afin de comprendre les enjeux de ce coup d’Etat

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Mercredi passé, des militaires putschistes annoncent à la télévision nationale avoir renversé le président du Niger, Mohamed Bazoum. Des milliers de personnes manifestent devant l’ambassade de France à Niamey, le dimanche 30 juillet 2023. Le président nigérien a été renversé par un coup d’Etat militaire le 25 juillet et le pays l’un des derniers alliés de la France au Sahel. Emmanuel Macron présidait le samedi 29 juillet dans l’après-midi, un Conseil de défense et de sécurité nationale sur le Niger, où cent-cinquante milles soldats de la France sont actuellement déployés et travaillent jusqu’ici avec l’armée nigérienne.

Le président de la République « ne tolèrera aucune attaque contre la France et ses intérêts » au Niger et Paris répliquera « de manière immédiate et intraitable », a fait savoir l’Elysée ce dimanche, alors que des milliers de personnes ont manifesté devant l’ambassade de France à Niamey, en soutien aux militaires putschistes.                                               

QUE S’EST-IL RÉELLEMENT PASSÉ ?                                             

Mercredi 26 juillet, des militaires putschistes annoncent à la télévision nationale avoir renversé le président Mohamed Bazoum, élu démocratiquement en 2021. Depuis, le président est séquestré dans sa résidence par ses propres hommes, les membres de la garde présidentielle. Le général Abdourahamane Tiani,  chef de la garde présidentielle du Niger depuis 2011, est à l’origine de la chute du président élu, s’est présenté vendredi 28 juillet, comme le nouvel homme fort du pays. Proclamé ensuite chef de l’Etat par ses pairs.

Il a justifié le coup d’Etat de mercredi par « la dégradation de la situation sécuritaire » dans un Niger miné par la violence de groupes Jihadistes. Mohamed Bazoum entame ce dimanche sa cinquième journée de séquestration dans sa résidence présidentielle mais a pu s’entretenir au téléphone avec d’autres chefs d’Etat, parmi lesquels Emmanuel Macron.

La junte, qui rassemble tous les corps de l’armée de la gendarmerie et de la police, a suspendu les institutions, fermé les frontières terrestres et aériennes, et instauré un couvre-feu de minuit à cinq heures du matin. Des milliers de personnes manifestent devant l’ambassade de France dimanche à Niamey, certains d’entre eux insistant afin d’y entrer, a constaté un journaliste de l’Agence France Presse lors d’un rassemblement de soutien aux militaires putschistes ayant renversé le président élu Mohamed Bazoum au Niger. D’autres ont arraché la plaque affichant « Ambassade de France au Niger », avant de la piétiner sur l’asphalte et de la remplacer par des drapeaux russes et nigérien. « Vive Poutine », « Vive la Russie », « A bas la France », crient des manifestants. « Quiconque s’attaquerait aux ressortissants français, à l’armée, aux diplomates et entreprises françaises verrait la France répliquer de manière immédiate et intraitable. Le président de la République ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts, a indiqué l’Elysée. Entre cinq cent et six cent ressortissants français au Niger, selon le Quai d’Orsay.                                 

 POURQUOI LE PAYS EST UN ENJEU IMPORTANT POUR LA FRANCE ? 

Après le Mali et le Burkina Faso, le Niger, jusqu’alors allié des pays occidentaux, devient donc le troisième pays du Sahel, miné par les attaques de groupes liés à l’Etat islamique et à Al-Qaîda, à connaître un coup d’Etat depuis 2020. Face à l’avancée des jihadistes, les juntes ont pris le pas sur des démocraties jugées inefficaces et corrompues par une partie des populations sahéliennes.

Le Mali et le Burkina Faso se sont notamment tournés vers la Russie après avoir exigé le départ des soldats français de leur sol. Le Niger est l’ultime pivot du dispositif antijihadiste français dans la région. Auparavant essentiellement une base de transit pour les opérations au Mali, dont la force Barkhane s’est retirée.

Il est le seul pays africain avec lequel la France entretient encore un partenariat dit « de combat », contre les jihadistes. Emmanuel Macron a condamné « avec la plus grande fermeté » le ministère des Affaires étrangères indiquant que la France « ne reconnaît pas les autorités » issues du putsch. A l’issue d’un Conseil de défense, la France a annoncé la suspension « avec effet immédiat, toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Niger ».                                                 

QUELLES SONT LES RÉACTIONS INTERNATIONALES ?                                         

L’Union africaine a exigé le rétablissement sous quinze jours de « l’autorité constitutionnelle » au Niger et le « retour immédiat et sans condition des militaires dans leurs casernes » dans le même délai. L’Union européenne de son côté « ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas les autorités issues du putsch ».

Outre la suspension de toute aide budgétaire, toute « coopération dans le domaine sécuritaire est suspendue sine die avec effet immédiat », a indiqué le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait assuré le président élu  Mohamed Bazoum de « l’indéfectible soutien » de Washington lors d’un appel téléphonique. Les Etats-Unis comptent environ un millier de soldats sur place. Les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), réunis ce dimanche à Abuja, ont donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes au Niger afin de restaurer l’ordre constitutionnel, affirmant ne pas exclure « un recours à la force ».

Le président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno est arrivé dimanche au Niger afin de tenter une médiation. Le gouvernement tchadien a précisé que le président se rendait sur place pour « voir ce qu’il peut apporter au règlement de la crise au Niger, précisant que ce déplacement était une « initiative tchadienne ».

Le prédécesseur de Mohamed Bazoum, Mahamadou Issoufou, est sorti de son silence dimanche, sur Twitter pour « appeler au calme » et assurer qu’il s’employait à négocier une sortie de crise « permettant notamment de libérer le Président Mohamed Bazoum et de le restaurer dans ses fonctions ». A la tête du Niger pendant dix ans, entre 2011 et 2021, Mahamadou Issoufou a également appelé à tout mettre en œuvre pour protéger les personnes et les biens non seulement s’agissant des nigériens mais également des ressortissants étrangers vivant dans le pays.

Majoie Kisalasala

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