Collation des bébés de la maternelle: Tony Mwaba y met le holà
La République démocratique du Congo est assurément le plus atypique du monde. En tous points. Une population parmi les plus pauvres du monde assise sur des richesses fabuleuses dont elle ne profite pas, un système de transport suranné où les taxis ne vous emmènent pas à destination, mais au contraire aux arrêts des bus et/ou exigés, dans lesquels chacun des passagers paient sa quote-part, un foisonnement des partis politiques (plus de 900 à l’heure actuelle si les statistiques sont fiables), des opposants considérés comme des ennemis jurés et à abattre, et que dire de plus ? Parlons de l’enseignement et plus précisément de la maternelle, le premier des cycles du cursus éducatif. Puisque nous sommes dans le domaine de l’atypisme, il se fait qu’en RDC , les bébés de la maternelle sont tellement intelligents qu’au terme de leurs trois ans de graduat infantile, il faut les coller comme à l’université, avec toges, manifestations où les parents sont conviés et tout le bataclan.
Seulement, derrière tout ce folklore se cache l’avidité des promoteurs des écoles maternelles, généralement privées qui, non contents de pratiquer des prix élevés pour le minerval et autres frais scolaires, obligent les parents à participer à cette mascarade de mauvais goût : la collation des bambins.
Et les parents, flattés dans leur amour-propre, se laissent prendre à ce piège onéreux. Enfin, nous sommes bien en République atypique du Congo-Kinshasa. De là que les directeurs du primaire et du secondaire leur emboîtent le pas , ce n’aurait été qu’une question de temps, si le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique (EPST) Tony Mwaba n’avait pas décidé d’interdire à l’avenir cette bouffonnerie de collation des bambins, dont certains peinent à s’exprimer intelligiblement.
Qui plus est, dans cette affaire de collation des marmots, ce sont les parents qui prennent tous les frais en charge : l’achat des toges obligatoire aux écoles en question, les frais d’organisation de la cérémonie de collation et autres connexes. Contribuant ainsi à enrichir les promoteurs rapaces. Vraiment, il était temps que Tony Mwaba, se souvenant sans doute qu’à son époque, la maternelle était plus un lieu de gardiennage des bambins avec un côté ludique, un peu d’apprentissage des chansons, de comptage, de coloriage, de petites récitations et d’initiation sommaire à l’écriture, a voulu que celle-ci revienne vraiment à son objectif premier.
Au fait, quelle cotation, ces promoteurs véreux, cupides et rusés dans la recherche de tous les moyens d’enrichissement donnent à ces chérubins ? Gradué en chahut, licencié en pipi ou docteur en larmoiements ? Arrêtons la farce. Elle n’a que trop duré. Et merci Tony Mwaba.
Kalume Ben Atar