Hostilité contre la Monusco

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Dans les provinces de l’Est de la République démocratique du Congo, la Monusco n’a pas une bonne image. Elle est accusée sur le plan sécuritaire de ne pas vraiment assumer le rôle pour lequel elle est déployée depuis une vingtaine d’années dans le pays : celui d’assurer la protection des populations et d’accompagner les Fardc dans sa lutte contre les groupes armés et milices, non seulement étrangères, mais autochtones.

C’est dans ce cadre que et pour répondre aux attentes des populations des provinces de l’Est du pays, notamment Nord-Kivu et Ituri, que le Premier ministre Sama Lukonde a présidé une réunion samedi 30 juillet 2022, à la Primature. Celle-ci était centrée sur les événements malheureux de la semaine qui ont occasionné la mort des Congolais et des Casques bleus.  Ont pris part à cette séance le Vice-Premier Ministre en charge des Affaires Étrangères, le Ministre de la Communication et Médias, le Vice-Ministre de l’Intérieur, la Vice-Ministre de la Défense, la délégation de la Monusco avec à sa tête le secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, la Représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies en RDC et Cheffe de la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en RDC ( Monusco), le chef d’Etat-Major Général des FARDC, le représentant du Commissaire général de la PNC, ainsi que quelques membres du cabinet du Premier Ministre.

Jean-Pierre Lacroix,  secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des opérations de maintien de la paix, à l’issue de la rencontre, a souligné la nécessité de renforcer la coopération entre le gouvernement congolais et la mission onusienne à tous les niveaux pour l’atteinte des résultats escomptés. Il a en plus remercié le Premier Ministre et le Gouvernement pour des mesures qui avaient été prises pour renforcer la sécurité dans les différentes localités affectées, tout en soulignant la nécessité de renforcer la coopération entre l’ONU et le Gouvernement congolais au regard des manifestations hostiles à la Monusco.

 » D’abord, c’était l’occasion de rendre hommage à toutes les victimes des violences de ces derniers jours. Les victimes congolaises, les victimes aussi parmi nos collègues de la Monusco et d’examiner ensemble les moyens de faire en sorte que cela ne se reproduise pas, mais de faire toute la lumière aussi sur les événements qui se sont déroulés, qui sont tragiques. Nous sommes convenus de faire en sorte non seulement que les responsabilités soient établies, mais également que cela ne se reproduise plus à l’avenir. J’ai remercié le Premier ministre et le gouvernement des mesures qui avaient été prises pour renforcer la sécurité dans les différentes localités affectées. Nous avons d’une manière générale évoqué la nécessité de renforcer la coopération entre le gouvernement et la Monusco à tous les niveaux, la coordination qu’il s’agisse du soutien aux efforts diplomatiques en cours qui sont absolument indispensables dans ce processus de Naïrobi, de Luanda, puisque nous avons une situation qui a une dimension de crise, des tensions régionales qui se superposent à des tensions locales, un contexte national particulier. Donc, nous sommes convenus de renforcer notre coordination sur ces dimensions, sur la dimension sécurité, mais également sur la communication. Parce qu’il est important que nous parlions d’une même voix et nous travaillons ensemble à lutter contre la désinformation, les manipulations, les appels à la haine, les incitations aux violences qui, malheureusement, sont trop souvent présentes dans les réseaux sociaux et ailleurs », a fait savoir le Secrétaire général adjoint de l’ONU chargé des Opérations de maintien de la Paix.

Par ailleurs Jean-Pierre Lacroix a rappelé que l’action de la Monusco en RDC s’inscrit dans le plan de transition qui a été négocié avec le gouvernement.

« Notre action s’inscrit dans le plan de transition qui a été négocié avec le gouvernement et qui fixe un cap. Ce cap, pour nous, c’est le soutien total à la restauration de l’autorité de l’Etat dans les régions affectées de l’Est du Congo où la Monusco est présente, de manière à faire en sorte que l’objectif soit atteint, que l’autorité de l’Etat soit pleinement assurée, que la Monusco puisse se retirer dès que possible. Je remercie le Premier ministre. Je remercie les membres du Gouvernement qui sont à nos côtés », a-t-il conclu. 

Pour le porte-parole du gouvernement Patrick Muyaya, les  discussions menées avec le chef du gouvernement Sama Lukonde ont porté sur la nécessité de faire des enquêtes pour faire la lumière et surtout sur les dispositions à prendre pour que cela ne se répète plus.

« Nous accueillons favorablement la visite de Monsieur Lacroix en République Démocratique du Congo. Il aurait voulu nous voir dans des circonstances plus heureuses, mais malheureusement il y a eu des morts, tant du côté de nos populations, que du côté de la Monusco. C’était aussi l’occasion pour le gouvernement d’exprimer notre marque de solidarité, de compassion pour ces Casques bleus qui sont décédés ici. Il a fait de même pour ce qui concerne les compatriotes congolais. Et les discussions ont porté sur la nécessité notamment d’enquêter pour faire la lumière et surtout sur les dispositions à prendre pour que cela ne se répète plus. Parce que comme le président de la République l’a rappelé hier dans sa communication au Conseil des ministres, le partenariat avec la Monusco doit continuer et  le retrait de la Monusco ne devrait pas du tout faire l’objet d’une quelconque forme de manipulation qui puisse conduire aux événements malheureux que nous avons connus. Dans cet ordre, le travail va continuer avec l’équipe de Madame Bintou sur place et l’équipe du gouvernement pour être sûr que les objectifs communs sont atteints », a  dit Patrick Muyaya.

 Le Ministre de la Communication et Médias a profité de cette occasion pour réitérer une fois de plus le message de paix lancé par le Chef de l’État 

« C’est aussi l’occasion de réitérer l’appel que le président de la République avait lancé hier à l’apaisement et au calme. Au delà du fait qu’il y a des urgences sécuritaires, il y a aussi des questions qui sont sur  la table comme Monsieur Lacroix l’a dit tout à l’heure. A Luanda ou à Naïrobi, il y a un processus  et nous sommes sûrs d’aboutir à la paix. Il n’est pas du tout admissible que la violence soit la réponse à l’impatience que nos compatriotes vivent, que nous vivons nous-mêmes pour le retour de la paix », a-t-il ajouté.

Depuis le déclenchement des manifestations hostiles contre la MONUSCO,  c’est la troisième fois que le Premier ministre Sama Lukonde réunit les membres du gouvernement et les responsables de la Monusco autour des dispositions à prendre face à cette situation. 

Micha Kisalasala

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