Les activités du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), formation politique de l’ancien président Joseph Kabila, sont suspendues par arrêté du Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières, daté du 18 octobre 2025.
C’est ce qu’a notifié officiellement, le lundi 27 octobre 2025, le greffier près le Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe au secrétaire permanent du PPRD.
« Monsieur le Secrétaire permanent du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, sis au croisement des avenues Pumbu et Batetela dans la commune de la Gombe. Veuillez trouver ci-joint l’expédition conforme de l’arrêté du Vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur, Sécurité, Décentralisation et Affaires coutumières, N°25/CAB/VPM/MININTERSECDECAF/SLBJ/060/2025 du 18 octobre 2025, portant suspension des activités du parti politique dénommé PPRD. Cette signification vous est transmise pour information, direction et toutes fins utiles », a déclaré le greffier Panzu Salah.
Une deuxième suspension en une seule année
Cette nouvelle suspension des activités du PPRD est intervenue quelques mois seulement après une première mesure similaire. Elle survient dans un contexte tendu, marqué par la condamnation à mort de son leader, Joseph Kabila, par la justice militaire pour collaboration avec la rébellion du M23-AFC, ainsi que pour d’autres crimes connexes.
C’est dans ce climat que l’ancien chef de l’État a organisé, à Nairobi (Kenya), un conclave regroupant plusieurs figures de l’opposition. De cette rencontre est née la plateforme politique « Sauvons la RDC ».
La réunion de Nairobi, à laquelle ont participé certains opposants congolais condamnés par la justice, a été vivement critiquée par les autorités congolaises, qui l’ont qualifiée d’« hostile » aux intérêts de la nation. Le Vice-premier ministre de l’Intérieur, Jacquemain Shabani, avait alors promis une analyse approfondie des comportements et résolutions issus de cette rencontre, en vue de prendre « toutes les mesures nécessaires » pour protéger le pays.
De son côté, Ferdinand Kambere, secrétaire permanent du PPRD, a défendu l’initiative, qualifiant « Sauvons la RDC » de « mouvement national de salut public ». Dans une publication sur le réseau X (ex-Twitter), il a décrit cette plateforme comme une coalition patriotique et citoyenne, réunissant « les principales forces politiques de l’opposition et les forces sociales acquises au changement ».
Parmi les objectifs revendiqués : mettre fin à la « tyrannie » et à la « dérive autoritaire » du régime en place, empêcher toute tentative de modification de la Constitution, et restaurer pleinement l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national.
Des prises de position douteuses
Depuis l’escalade des violences à l’Est du pays, les prises de position de Joseph Kabila et des cadres du PPRD suscitent la controverse. Sa déclaration médiatique qualifiant de « revendications légitimes » les actes du M23-AFC, ainsi que son retour à Goma — alors sous occupation rebelle — ont valu une première suspension en avril 2025.
Cette décision avait été vivement critiquée par les cadres du parti, qui y voyaient une « répression » politique. Quinze jours plus tard, ces derniers avaient annoncé la reprise des activités, invoquant l’article 29 de la loi sur les partis politiques.
Ce second avertissement, plus ferme, envoie un signal clair : les faits et gestes du PPRD sont désormais étroitement surveillés. Les autorités reprochent régulièrement à ses cadres des attitudes jugées contraires à l’intérêt national.
Enock Nseka


