Contraception et Avortement sécurisé en RDC : le RJSSR plaide pour la concrétisation des engagements

0
16

En matière de santé sexuelle et reproductive, les dates du 26 et 28 septembre ont une importance capitale pour rappeler aux communautés le bien-fondé de la planification familiale vecteur de lutte contre les naissances non désirables. À cette occasion, le réseau des journalistes pour la santé sexuelle et reproductive « RJSSR » a fait un État de lieu des actions que mène la RDC en matière de santé sexuelle et reproductive.

Planification familiale en RDC, plus d’efforts attendus

Dans un communiqué rendu public par le réseau le 26 septembre, il a été révélé que malgré les engagements pris au niveau national, de nombreux défis persistent encore sur terrain tant au niveau de l’accès aux services que la qualité de l’offre notamment pour les adolescentes, les jeunes en général et les populations vulnérables. À cet effet, les avancées promises peinent à se concrétiser, entre les déclarations officielles et la réalité vécue sur le terrain l’écart est considérable.

La Stratégie nationale de planification familiale et l’engagement FP2030 de la RDC visaient à :

  • Augmenter la prévalence contraceptive de 15,5 % en 2020 à au moins 23 % en 2025, afin d’atteindre 30 % en 2030.
  • Allouer 5 millions USD de ressources nationales pour l’achat de contraceptifs ainsi que des médicaments de santé maternelle et néonatale.
  • Accroître l’accès à l’information et aux services de planification familiale pour toutes et tous, y compris les adolescents et les jeunes, en passant de 13,1 % en 2018 à au moins 18 % en 2025

Et de poursuivre, en rejoignant le FP2030, et dans le cadre de la couverture santé universelle, laquelle a priorisé la santé maternelle, le pays s’est donc engagé à augmenter le financement domestique alloué à la planification familiale, accroitre la prévalence contraceptive moderne d’ici 2030.

Ces engagements pourtant cruciaux, peinent à se traduire en actes concrets, notamment dans le contexte actuel marqué par la fermeture de l’USAID et l’absence de financement domestique suffisant, laissant le système dépendant presque exclusivement de financements extérieurs, déplore le RJSSR.

Avortement sécurisé, un Protocole qui souffre d’applicabilité

En date du 28 septembre, journée marquant la commémoration du droit à l’avortement sécurisé, le réseau des journalistes pour la santé sexuelle et reproductive a rappelé l’importance cruciale d’assurer aux Congolaises un accès sûr et légal à l’avortement dans les conditions déjà reconnues par le Protocole de Maputo, que la RDC a ratifié et publié au Journal officiel en 2018. Dans son communiqué, il démontre l’incidence des avortements clandestins sur la population avec des chiffres qu’il qualifie d’alarmant.

« Selon des études de santé publique, des milliers de femmes recourent chaque année à des avortements non médicalisés, souvent dans des conditions précaires. À Kinshasa seulement, plus de 146 000 cas d’avortement avaient déjà été recensés en 2016. Ces situations contribuent directement à la mortalité maternelle dans le pays, les dernières enquêtes de démographie et de santé (EDS 2023-2024) estiment le taux à 740 pour 100.000 naissances vivantes, ce qui le place parmi les plus élevées au monde » renseigne le communiqué.

En outre, le RJSSR insiste sur les rôles des décideurs, en invitant :

  • Le Parlement et la Commission permanente de réforme du droit congolais (CPRDC) à harmoniser le Code pénal avec le Protocole de Maputo, en reconnaissant explicitement l’avortement comme légal en cas de viol, inceste, malformation fœtale grave ou danger pour la vie et la santé de la femme.
  • Le Gouvernement à garantir la diffusion et l’application des normes nationales de soins complets d’avortement, afin que les femmes aient accès à des services sûrs, sans peur ni stigmatisation.
  • Les acteurs communautaires et religieux à privilégier le dialogue et la santé publique, pour réduire la mortalité évitable liée aux grossesses non désirées et aux avortements clandestins.

Engagement des partenaires

Dans ce cheminement, la RDC pourrait compter sur ses partenaires techniques et financiers à l’instar de Marie stope international (MSI)

« MSI RDC appuie le gouvernement dans le sens d’apporter les moyens techniques et financiers pour la mise en œuvre du plan stratégique multisectoriel de la planification familiale. Pour ce qui est des défis actuels, ils sont liés à la situation globale en ce qui concerne la planification familiale avec la réduction de l’enveloppe du financement extérieur destiné à la RDC, ce qui met à risque le domaine de la planification familiale souvent considérée accessoire à la santé pourtant il s’agit d’un domaine qui peut aider aussi les populations à se maintenir en bonne santé surtout les femmes à gérer leur sexualité et leur maternité. Ces défis ont abouti à une réduction non seulement de l’appui financier mais aussi de l’accompagnement politique qui existait au niveau global » a déclaré Patrick Djemo, Directeur pays MSI RDC.

L’avortement n’est jamais une décision prise avec légèreté. C’est souvent le dernier recours face à une réalité douloureuse. Respecter les droits et les besoins des femmes signifie transformer les engagements publics en actions concrètes, pour sauver des vies et protéger leur dignité, insiste le réseau des journalistes pour la santé sexuelle et reproductive.

Margarita-Rosa Ngoy

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici