On en a peut-être déjà parlé, mais la tracasserie routière que subissent les conducteurs des transports en commun et les mototaximen commence à prendre des proportions alarmantes dans la ville-province de Kinshasa. Les policiers commis à la sécurisation de la population et de ses biens, se sont détournés de leur principale mission pour s’en donner une autre qui n’a rien à voir avec ce qu’on attend d’eux.
En effet, les véhicules nouvellement dotés à la police pour bien mener leurs opérations contre les bandits qui gangrènent la capitale congolaise, se sont transformés en vrais « camions de chasse » contre les chauffeurs de taxis-bus et mototaximen. Ces véhicules, qui circulent sur les rues de Kinshasa en mode urgence, ramassent sur leur passage les conducteurs de bus et motos les moins avertis ou distraits.
Sur la place Kapela, route de l’Université, un véhicule de la Police dit Kabasele a laissé un vent de panique à son passage. Dès son arrivée, les mototaximen se sont mis à courir dans tous les sens en criant pour avertir leurs collègues distraits. « Kabasele, Kabasele…soyez prudents », avertissaient-ils à l’ unanimité. « Si Kabesele (nouveau véhicule de la police) arrive et que tu ne quittes pas vite le lieu, tu seras embarqué sans infraction », nous a confié un mototaximan sur Kapela.
Ce n’est pas tout. Les chauffeurs des transports en commun ne sont pas eux aussi épargnés par ce nouveau phénomène. Selon le témoignage du conducteur d’un bus sur la route Kasa-Vubu, lundi 19 mai 2025, un groupe de policiers se promenant avec le véhicule Kabasele a rançonné tous les chauffeurs sur Gambela (commune de Kasa-Vubu).
« Si le véhicule Kabasele passe, les policiers à bord nous exigent de leur remettre 2.000FC par bus. On n’a pas de choix, on leur donne tout simplement. Mais, si tu fais un mauvais stationnement, là, ils t’embarquent et tu vas payer une grosse amende avant d’être libéré », a-t-il déclaré.
En plus des véhicules Kabasele, les chauffeurs et mototaximen se plaignent également de la multiplication des agents dits des services de transports disséminés à plusieurs coins de Kinshasa, souvent sans document les autorisant à contrôler les véhicules et motos. Ceux-ci traquent également à leur manière les véhicules et motos. « Je n’aime pas rouler sur Tshangu, surtout sur le tronçon Bitabe et Pascal (entre les communes de Masina et Kimbanseke), il y a une tracasserie routière sans précédent. Souvent, on nous arrête sans aucun motif valable. Une fois, ces gens m’ont ravi mon versement et mon téléphone. Quelle malchance », se plaint un conducteur d’une moto tricycle connue sous le nom de « Moto Gizi » rencontré sur la place Pascal.
« En plus des embouteillages qui commencent déjà à partir de 4 heures du matin, il faut faire encore face à des agents de transports. Il faut être un guerrier pour faire le transport à Tshangu et sortir avec son versement tous les soirs », fait observer un taximan.
Dépassés par ces arrestations arbitraires, certains conducteurs des transports en commun et mototaximen s’interrogent sur la mission des policiers roulages, censés s’occuper des problèmes de la circulation routière, mais qui se font mépriser par leurs collègues commis à la traque des bandits urbains. « Est-ce les autorités provinciales de la Police sont informées de la situation ? », s’interroge un passager sur la tracasserie routière.
Les cris d’alarme ne font que s’amplifier de la part des conducteurs des transports en commun et des motos à Kinshasa. Cette situation laisse transparaitre une autre réalité pénible de ceux qui ont la route pour lieu de travail. En tout ceci, c’est le pauvre passager qui en paie les factures.
Kabasele Kueya na Mayi
